Au début des années 90, une guerre a éclaté en Bosnie-Herzégovine. Plus de 100 000 personnes ont perdu la vie et plus de deux millions ont été déplacées. Le viol, les camps de prisonniers et le génocide des Musulmans de Bosnie sont devenus monnaie courante pendant la guerre, et il finirait par être marqué comme le pire conflit en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La paix a été établie le 21 novembre 1995 dans le cadre de l’Accord-cadre général pour la paix, communément appelé les accords de Dayton. Formellement signés le 14 décembre 1995, les accords de Dayton sont rappelés aujourd’hui comme un traité injuste qui a mis fin à la guerre mais préservé les hostilités.
Souvenirs des accords de Dayton, 1995
La guerre de Bosnie des années 90
La guerre en Bosnie-Herzégovine a été déclenchée par une série d’atrocités de masse contre les musulmans bosniaques, et elle a été alimentée par l’indécision de l’ONU et de l’OTAN, et la partialité de l’Union européenne. En fait, pour éviter de se faire tuer, les Bosniaques ont demandé à plusieurs reprises la levée de l’embargo sur les armes. Avec l’embargo sur les armes en vigueur, les Bosniaques n’ont aucun moyen de se défendre contre les armées serbes et croates lourdement armées et bien équipées.
Cependant, les membres de l’Union européenne ont constamment refusé d’ajuster ou d’éliminer l’embargo sur les armes, laissant ainsi le peuple de Bosnie-Herzégovine sans aucun moyen de légitime défense. Comme l’a noté Taylor Branch dans son célèbre livre, «The Clinton Tapes», l’Europe était plus que ravie de voir les musulmans bosniaques massacrés par les Serbes et les Croates:
Qu’une Bosnie indépendante serait «contre nature» en tant que seule nation musulmane d’Europe.
Le président français François Mitterrand avait été particulièrement direct en disant que la Bosnie ne nous appartenait pas et que les responsables britanniques parlaient d’une restauration douloureuse mais réaliste de l’Europe chrétienne.
Après tout, en Europe, l’islamophobie et le racisme ne sont pas un phénomène récent.
Génocide à Srebrenica, paix à Dayton
La situation est devenue incontrôlable en 1995, lorsque le massacre de Srebrenica a eu lieu. Il s’agissait d’un génocide planifié, au cours duquel plus de 8 000 Bosniaques ont été tués et plus de 40 000 personnes ont été expulsées d’une «zone de sécurité» de l’ONU, censée être protégée par des soldats de la paix néerlandais. Pour aggraver les choses, les puissances occidentales, selon des documents américains déclassifiés, étaient déjà conscientes du fait que les Serbes prévoyaient d’attaquer Srebrenica, mais ont choisi de rester muettes.
À la suite de l’incident de Srebrenica, l’OTAN a lancé une campagne de bombardements dans la région et, finalement, l’élan s’est déplacé en faveur du cessez-le-feu. Les négociations de paix à Dayton, Ohio (USA) ont abouti aux accords de Dayton, signés entre Franjo Tudjman, le président de la Croatie, Slobodan Milosevic, le président de la Serbie, et Alija Izetbegovic, le président de la Bosnie-Herzégovine.
Milosevic obtiendra plus tard la reconnaissance qu’il méritait et sera jugé en tant que criminel de guerre, mais pour certains Serbes, il reste un héros de guerre encore aujourd’hui.
Le résultat
Les accords de Dayton ont mis fin à la guerre, mais n’ont pas réussi à éliminer les hostilités. En fait, c’était un traité injuste, simplement parce que les parties concernées avaient leur propre lot de défauts. La délégation bosniaque manquait d’unité et d’un objectif commun – ce n’est certainement pas une surprise; après tout, si les entités musulmanes étaient unies, aucune des atrocités occidentales ne se serait produite en premier lieu! La délégation serbe, dirigée par Milosevic, n’avait aucun intérêt pour la paix et voulait simplement échapper à leurs crimes. Les Croates, en revanche, ne se soucient guère de leurs voisins. Comme le note Richard Holbrooke, chef de la délégation américaine à Dayton:
Chacune des parties a contesté les perspectives de succès à sa manière: les Bosniaques étaient désorganisés, Milosevic malhonnête et Tudjman désengagé.
Conclusion
À la suite des accords de Dayton, la Bosnie-Herzégovine a été divisée en deux parties: près de 51% du territoire a été donné à la Fédération de Bosnie-Herzégovine, tandis que 49% du territoire est allé à la Republica Srpska.
Tout naturellement, les Accords n’ont pas rendu justice: la création de la Republica Srpska a signifié la création d’une nouvelle entité basée sur le génocide et le nettoyage ethnique d’innocents. En acceptant les demandes injustes de Milosevic et en créant la Republica Srpska, les créateurs des accords de Dayton ont ignoré les crimes de génocide et ont simplement récompensé les criminels.
Aujourd’hui, deux décennies se sont écoulées, mais l’ombre du conflit des années 90 persiste. La coexistence hétérogène est relativement inconnue dans la région, et les tensions nationalistes et communautaires sont toujours endémiques.
Cependant, un élément de crédit devrait être accordé aux accords de Dayton. À l’époque, la guerre n’aurait pas pris fin en l’absence des accords. De plus, aujourd’hui, malgré la polarisation ethnique, la Bosnie-Herzégovine est encore un État uni. L’avenir ne peut être prédit, et si les tensions ethniques, régionales et communautaires persistent, les perspectives de paix ne sont pas non plus totalement faibles.
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