Société et Culture

Ce sont les cœurs qui sont aveugles, pas les yeux!

Que ne voyagent-ils sur la terre afin d’avoir des cœurs pour comprendre, et des oreilles pour entendre? Car ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais, ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent.

Ce verset du Saint Coran (Sourate al-Haj, 22:46) nous dit qu’il y a une cécité plus omniprésente et plus subtile que la cécité des yeux.

Il y a une surdité plus insidieuse que celle des oreilles.

C’est la cécité et la surdité du cœur et de l’esprit – nées de l’insouciance, de l’insouciance et du suivi aveugle des autres.

Qu’est-ce qui provoque cette cécité omniprésente, quoique inaperçue?

C’est le résultat de ce que nous pourrions appeler l’hypnose sociale – un état d’être où l’intellect de l’individu est endormi dans l’acquiescement à tout ce que la société lui dicte ou lui suggère, bien qu’il se sente un agent libre et indépendant.

C’est la société qui crée cet état hypnotique, plongeant le peuple dans un profond oubli qui succombe jour après jour à toutes ses suggestions, encombré par son influence du berceau à la tombe. Nous sommes bercés dans un état de sommeil intellectuel par l’acceptation sans réserve des coutumes, des traditions, des normes et de la sagesse conventionnelle.

Les coutumes et traditions de la société et les hypothèses incontestées que la société défend agissent comme un sédatif sur l’intellect que seules quelques personnes réussissent à ignorer. Cette sédation sociétale a un effet paralysant sur le développement intellectuel.

Ceux qui tombent sous son emprise ne peuvent formuler aucune idée en dehors des limites de ce que la société leur suggère. La société – soit par son contrôle des médias, sa présence culturelle omniprésente, son réseau de valeurs, ses paraboles accumulées, ou l’autorité de ses coutumes, habitudes et traditions – a le pouvoir de fermer l’esprit et de faire obstacle à l’indépendance en pensant.

Cela empêche les gens de pouvoir vérifier la vérité sur le monde qui les entoure et sur Allah. C’est une sorte d’insouciance dans laquelle les gens de la société tombent. Vous les voyez marcher, conduire leur voiture, tenir des conversations, manger, boire et participer à toutes sortes d’activités. Pourtant, ils sont comme des somnambules intellectuels ou des personnes sous hypnose. Leur perception est émoussée.

Les influences de l’environnement et des normes culturelles des gens dirigent leurs routines de vie, leurs réactions, leurs sentiments, même leurs soucis les plus intimes, comme s’ils fonctionnaient sous contrôle à distance. Cependant, en ce qui les concerne, leurs pensées sont les leurs et ils prennent des décisions indépendantes.

Cette hypnose sociale est omniprésente, influençant une personne jour et nuit. La personne n’en est pas consciente. Il ne sait pas que son comportement est conforme aux exigences de la société et quelle que soit l’opinion actuellement à la mode. Il se sent parfaitement libre, qu’il fait ce qu’il veut et pense tout ce qu’il veut.

Il suppose que son attitude envers la vie, les hypothèses qu’il détient, sa philosophie et ses convictions religieuses sont sa propre idée. De cette façon, il est battu deux fois. Premièrement, il est vaincu par sa soumission à l’hypnose sociale omniprésente. Deuxièmement, il est vaincu par son ignorance.

Il peut même croire que sa conformité est quelque chose de noble, quelque chose qui lui épargne les peurs et les insécurités nées d’être différent ou seul. Il sort, lutte, espère, rêve et désire. Pourtant, s’il s’arrêtait un instant pour y penser, il se rendrait compte à quel point trivial et sous-estimé tant de choses pour lesquelles il s’efforce réellement.

Cependant, les attentes de la société et le caractère persuasif quotidien de son impératif culturel le poussent en avant. Les perspectives des gens et leurs diverses aspirations sont tellement liées aux attentes sociales que l’on a l’impression que leurs espoirs et leurs goûts ont été exposés pour eux dans un tableau.

L’éducation, les médias et d’autres influences dictent aux gens ce qu’ils devraient aimer et ne pas aimer, quelles attitudes ils devraient avoir et quelles opinions ils devraient exprimer. Les gens sont victimes de ces attentes collectives et perdent la capacité de penser de manière critique par eux-mêmes.

Dès l’enfance, ils acceptent comme correct et vrai ce qui leur est dit. En mûrissant, ils persistent à accepter ce qu’ils ont l’habitude d’accepter, tout en croyant comprendre les choses par eux-mêmes. La société encourage les gens, par tous les moyens de persuasion et d’intimidation à sa disposition, à s’abstenir de toute pensée créatrice.

Une personne, dans la mesure où elle libère son esprit, réussit à penser ses propres pensées. En revanche, plus son esprit est soumis à l’influence hypnotique de la société, plus son intellect est handicapé et moins ses pensées sont vraiment les siennes.

Le phénomène d’hypnose sociale existe dans chaque société ou groupe social fermé et replié sur lui-même. Une personne dans une telle société ou un tel groupe sera, dans une large mesure, victime de ce phénomène.

On peut observer que plus l’expérience culturelle d’une personne est élargie, contestée et renouvelée, plus l’esprit de cette personne est libéré et plus sa perception devient nette. Sa perspective culturelle, par la suite, devient la sienne. L’influence de l’hypnose sociale sur lui s’affaiblit et ses conséquences dangereuses sont réduites.

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