L’un des sujets politiques les plus brûlants actuellement en Belgique est la possible introduction d’un transfert fiscal du travail vers la richesse. L’Organisation de coopération et de développement économiques, ou simplement l’OCDE, ainsi que la Commission européenne, estiment que le travail est trop lourdement taxé et qu’une répartition plus équilibrée doit être recherchée entre travail et richesse.
Beaucoup de gens abordent ce transfert fiscal de manière sceptique, craignant des scénarios catastrophiques où chaque Belge riche s’enfuit dans un paradis fiscal et profite du reste de sa vie sous un palmier rappelant le bon vieux temps en Belgique.
Dans l’Islam, l’impôt sur la fortune est ancré religieusement et culturellement depuis plus de mille ans et cela fonctionne très bien! Dans ce qui suit, j’essaierai d’expliquer les bases de l’impôt islamique sur la fortune et ce que cela signifierait si la Belgique appliquait ce système.
Ma première rencontre avec l’impôt sur la fortune
Quand j’avais environ huit ans, mon professeur d’islam nommé Gazi a présenté l’essence d’un impôt sur la fortune avec un bel exemple. À l’approche de la fin du Ramadan, nous sommes entrés dans la salle de classe comme toujours, en prenant nos places. Nous avons remarqué que maître Gazi a commencé à dessiner de petits points sur le tableau noir. Inutile de dire qu’il a attiré l’attention au maximum.
Quand il eut (enfin) fini, il nous regarda et dit: «Chacun de ces points est un mouton. Il y a donc quarante moutons sur le tableau noir. Regardez-les attentivement. »Après un moment, il nous a demandé de fermer les yeux. Après quelques secondes, il a dit: «Regardez à nouveau le tableau noir. Quelque chose a-t-il changé? »En essayant de comprendre ce jeu, chacun de nous a répondu que nous ne pouvions pas trouver de différence. Maître Gazi a ensuite fait valoir son point de vue: «Dans l’islam, nous terminons chaque Ramadan par la Zakat. Cela signifie que pour chaque tranche de quarante moutons que vous possédez, vous devez en donner une à ceux qui en ont besoin. Comme vous pouvez le voir sur le tableau noir, le coût de la Zakat est très faible si vous prenez en compte toute votre richesse. »
La différence entre Zakat et Sadaqa
Il est important de faire la distinction entre Zakat et Sadaqa. Sadaqa est une œuvre de bienfaisance et complètement volontaire tandis que la Zakat est une taxe obligatoire qui revient chaque année lunaire. Dans certains pays, comme la Malaisie et le Soudan, la Zakat est même inscrite dans la législation de l’État, de sorte que chaque citoyen est légalement obligé de contribuer. Dans d’autres pays, comme l’Égypte et l’Iran, il existe des programmes de contribution gérés par le gouvernement qui sont facultatifs. La somme collectée sera répartie entre les pauvres et les nécessiteux.
Le calcul de la Zakat
Il n’y a pas de directives universelles, il y aura donc des différences entre les pays mais le calcul est simple:
- Voyez les biens que vous possédez depuis plus d’un an. Ce ne sont pas seulement des maisons ou de l’or, mais aussi des voitures ou du bétail. Prenez le total de la valeur de ces biens. Vous devriez laisser de côté vos revenus.
- Déduisez la dette totale que vous avez sur ces biens.
- Si ce qu’il vous reste est positif, prenez un quarantième de ce montant.
Félicitations, vous venez de calculer votre Zakat!
Possibilités d’impôt sur la fortune en Belgique
Supposons que le gouvernement belge applique un système similaire à la Zakat afin de réduire la pauvreté parmi ses citoyens.
La banque ING estime la richesse totale des citoyens belges à 1 100 000 000 000 €. C’est plus d’un million de millions d’euros. Si Zakat devait être payé sur ce montant, nous aurions 27 500 000 000 € ou 27,5 milliards d’euros par année lunaire. Si nous traduisons cela dans le calendrier solaire, nous obtenons plus de 28 milliards d’euros, CHAQUE année.
Inutile de dire que cela résoudrait les débats en cours sur la fiscalité en quelques minutes.